L'équipage - 1
"Le voyageur est encore ce qui importe le
plus dans un voyage" écrivait, non sans humour, André Suarès.
Il est vrai que la réussite d’un voyage, quelles qu’en soient les péripéties,
dépend essentiellement du talent, des capacités et même tout simplement de la
bonne volonté de ceux qui le font.
A. COMPORTEMENT
Vous-même
Le dépaysement agit souvent sur le
caractère et nul ne peut prévoir quelles seront ses réactions en vivant un
voyage en communauté.
Il ne faut pas porter de jugement sur ce que fait l’autre, ni comparer son
comportement avec le vôtre. La tolérance et l’effort de compréhension
doivent être des règles respectées.
Les contrées désertiques (chaleur + silence + immensité) ont un pouvoir énorme
de transformation du caractère. Le plus jovial peut tout à coup, sans s’en
rendre compte, devenir le plus triste, et le plus doux le plus hargneux.
Imaginez votre coéquipier au volant, "plantant trois ou quatre fois de
suite la voiture dans un banc de sable ou de "fech-fech ", et
vous, chaque fois, poussant en maugréant, vous disant que vous, vous ne vous
seriez pas "planté" une seule fois. On croit toujours pouvoir faire
mieux que l’autre. Mais comment sera le sable lorsque vous serez au volant ?
L’espace utile dans une voiture (même décapotable) est peu de chose, il faut
pourtant y cohabiter environ dix heures par jour, promiscuité obligatoire. Il
faut donc, notamment, que les efforts de rangement (effets personnels, campement
de chaque jour) soient partagés. C’est la communauté réduite aux paquets !
Les autres
Dans tous les pays traversés, il est
une règle absolue : parce que les gens que vous allez rencontrer sont chez
eux, c’est à vous de respecter leur façon de vivre. Leur culture, leurs
traditions sont forcément différentes des vôtres. Respectez cette différence
en évitant de les choquer par l’exhibition malvenue de vos propres préjugés.
Ne cherchez pas à comparer leurs habitudes ou leurs coutumes avec ce qui existe
chez vous, cherchez plutôt à les comprendre. N’oubliez pas que vous aurez
changé de pays ou de continent.
L’indépendance est encore fraîche dans l’histoire de nombreux pays pour
qui c’est une chose importante, d’où ‘une sensibilité marquée à ce
sujet et, peut-être, la tentation naïve de le manifester. Il ne s’agit pas
pour vous de juger ou de donner un avis que personne ne vous demande, mais de découvrir
des nations qui vous sont inconnues. Chercher à discuter ou à prouver ne sert
à rien, sinon à indisposer l’interlocuteur, à risquer un incident et à
faire perdre un temps qui vous sera précieux.
Quelles que soient vos convictions personnelles, n’oubliez pas qu’aux yeux
des populations, vous représenterez votre pays. Certains en gardent
d’excellents souvenirs : il ne faut pas les décevoir. D’autres en
conservent peut-être une certaine amertume qu’il faut vous garder de juger.
Même si des gens vivent peu habillés, ils ne comprendront pas forcément
qu’un Européen soit débraillé et pourront y voir de la provocation, Votre
comportement, à commencer par votre vêtement, doit prendre en compte les
coutumes du pays où vous vous trouverez. C’est notamment le cas pour les vêtements
féminins en pays musulmans, modestie et discrétion y sont recommandées. Vous
n’avez rien à gagner à choquer. Iriez-vous au commissariat de police de
votre quartier à demi-nu et pas lavé depuis huit jours ? Si oui, à
quelle réaction du commissaire ou de ses adjoints vous attendez-vous ?
A plus forte raison, abstenez-vous de sortir de la légalité. Les peines, qui
varient d’un pays à l’autre, peuvent atteindre une gravité que vous ne
soupçonnez pas.