L'équipage - 4

D - CONDUITE

La circulation dans des pays différents de nos régions exige l’adaptation de votre conduite à des circonstances nouvelles.
Exemple : au lieu du supercarburant à 98-100 octanes avec lequel vous nourrissez habituellement votre voiture, vous pouvez être amené à voyager dans un pays où vous ne trouverez que de l’essence à 85 octanes. Il faudra modifier votre façon de conduire en conséquence : vous abstenir de monter les régimes et n’accélérer que progressivement.

LA CIRCULATION

D’une manière générale, sur les pistes, méfiez-vous des semi-remorques qui vous croisent. Ils roulent à des vitesses supersoniques et au centre de la piste pour éviter les effets de la tôle ondulée. A vous de vous ranger, c’est la loi du poids. De toute façon, ils sont le plus souvent trop lourdement chargés pour freiner. Lorsqu’ils vous ont croisés, le danger reste aussi grand, car le panache de poussière qui suit vous enlève toute visibilité pendant un long moment.
Prenez garde aussi, surtout en Afrique noire, aux passages à niveaux profonds, non gardés et souvent non signalés, où les rails en relief sont friands de pneumatiques et de jantes.
De nombreux troupeaux de toutes sortes passent leur temps sur la piste. Si les pintades n’endommagent pas trop une carrosserie, il n’en est pas de même pour les moutons, les vaches ou les zèbres.
Autre danger, celui des ânes, un coup de Klaxon ne saurait les faire déguerpir de la piste, car ils ont très souvent les pattes avant entravées.
Autre point extrêmement important : dans les traversées de petits villages en brousse, les enfants, les vieillards et même les adultes sont peu habitués aux voitures et ne se rendent pas compte de leur vitesse et du danger qu’elles représentent. Qu’ils soient à pied ou à bicyclette, ils peuvent se décider brusquement à traverser la piste alors que vous arrivez à une dizaine de mètres d’eux.

LA PISTE

La conduite sur piste de terre, de latérite ou de sable requiert une attention soutenue sur un champ de vision couvrant la distance nécessaire à l’arrêt total du véhicule sans décélération brutale.
Si les obstacles en relief sont en général relativement faciles à éviter, il n’en est pas de même des dénivellations brutales ou des trous.
La règle d’or est de ne jamais arriver freins bloqués sur l’obstacle : ralentir au maximum en anticipant le plus possible, par un freinage compatible avec la nature du sol, et relâcher complètement la pédale pour aborder l’obstacle avec tous les organes de suspension libérés et sans écraser la voiture au sol. La meilleure solution est d’avoir une vitesse suffisante et des réflexes permettant d’éviter le trou ou la grosse pierre sur le chemin.
Dos d’âne et cassis doivent être abordés eux aussi sans coup de frein ; bien au contraire, il est souhaitable de relever l’avant de la voiture par un coup d’accélérateur donné au moment de passer l’obstacle. Celui-ci doit être franchi en biais par un bref coup de volant donné exactement sur lui, ni trop tôt, ni trop tard. Le but étant de solliciter une roue après l’autre pour éviter, grâce à ce "cisaillement", que la voiture ne soit trop secouée. Bien entendu, il convient de remettre la voiture en ligne immédiatement, des écarts de trop d’amplitude, surtout sur un sol peu stable, risquent de vous "embarquer".
L’impératif de la conduite à vue doit être conservé en toute circonstance. Méfiez-vous d’un gué qui peut en son milieu receler un grand trou d’où vous auriez du mal à tirer la voiture. En savane, méfiez-vous des hautes herbes qui peuvent cacher une souche ou une grosse pierre.
C’est selon ce même principe : "le danger est accru quand on ne le voit pas", qu’il ne faut pas circuler de nuit ni en cas de vent de sable.  

LA TÔLE

La tôle ondulée est une ondulation plus ou moins prononcée de la surface du sol, perpendiculaire au sens de la marche. Elle est provoquée par la circulation des véhicules après la saison des pluies, combinée au rétrécissement de la couche séchée de surface. Circuler sur la tôle ondulée met la voiture à une épreuve que l’on ne peut imaginer tant qu’on ne l’a pas vécue. Rien n’y résiste, tout se dévisse, tout tombe, tout lâche. La voiture donne l’impression de se désintégrer.
Pour que les passagers et le véhicule en subissent moins les effets, il faut la "prendre" au-dessus de 60 km/h au moins, vitesse qui peut varier suivant le type de véhicule, le but étant que cette vitesse soit suffisante pour que les pneus ne prennent appui que sur la crête des ondulations. Dans ce cas, les secousses sont atténuées mais la conduite s’apparente alors à ce qu’elle est sur le verglas.
Attention : il est impératif de tenir compte du fait qu’en cas de freinage d’urgence, l’adhérence est réduite de moitié et qu’un déséquilibre du véhicule peut se produire enfin de décélération. Prendre garde aussi au départ en virage, toujours à cause de la perte d’adhérence.
Si par extrême obligation, vous êtes obligé de ralentir ou de vous arrêter, il est nécessaire pour pouvoir repartir et reprendre une vitesse supérieure à 60 km/h, de circuler en effectuant de grands "S" sur la piste en poussant le moteur, afin de ne pas prendre les crêtes de face, jusqu’à ce que vous ayez récupéré votre vitesse.

LE SABLE

La conduite sur le sable requiert elle aussi - et plus encore - de piloter à vue en anticipant le plus possible la conduite, en maintenant une bonne vitesse constante, en évitant tout coup de frein. S’il faut s’arrêter, il convient de le faire très doucement pour éviter de "planter " la voiture.
Zone courte : aborder la zone avec un maximum d’élan et de puissance. Zone longue : dans ce cas, les pneumatiques peuvent être dégonflés jusqu’à 1/3 de leur pression en roulage sur route. Souvent, le franchissement de zones de sable dépend essentiellement de la pression de gonflage. Mais il vous faut savoir qu’en dégonflant vous mettez vos pneus à la merci d’une crevaison sur ta première pierre rencontrée.
Comme il faut regonfler dès qu’on retrouve des zones dures (terre, rochers, cailloux), ceci suppose que vous soyez munis d’un contrôleur de pression et d’un gonfleur à pied (avec la possibilité de le poser sur une plaque pour l’utiliser sur le sable).
D’autre part, si vous disposez d’une voiture rapide, il vous faudra vous abstenir de rouler à trop grande vitesse sur des pneus dégonflés car vous provoqueriez leur surchauffe.
Utiliser au maximum les dénivellations du terrain tout en évitant les traces et les saignées profondes, et des dévers dans les dunes. Choisir les endroits où pousse une végétation, s’il y en a.
Attention : l’ensablement est toujours possible et ne doit en aucun cas être considéré comme un déshonneur pour le conducteur qui en est la victime.
Si l’on se rend compte que l’ensablement est quasi inévitable, il faut ne pas insister et s’arrêter avant que le véhicule soit trop enfoncé. Bannir les manoeuvres marche AV - marche AR dont le seul résultat est d’enliser un peu plus le véhicule et rendre plus difficile son dégagement, sans compter les risques pour l’embrayage, la boîte, etc...
Descendez de voiture, rendez-vous compte, creusez, posez les tôles de désensablement sous les roues avant (ou un sac, des branchages...) démarrez doucement en vous faisant pousser si c’est possible.
Dans tous les cas, éviter l’énervement, générateur de manoeuvres brutales et désordonnées qui font empirer la situation.

LA MARCHE EN CONVOI

Sur pistes, respecter la " distance de poussière ". Elle se définit par la notion de visibilité constante de la part du conducteur suiveur.
Cette distance est fonction, d’une part de la densité de la poussière soulevée par le véhicule qui précède, d’autre part de la direction du vent.
Sur de grandes étendues de sable porteur (de type Ténéré), les véhicules peuvent s’écarter de quelques mètres les uns des autres pour éviter de rouler dans les traces ou pour sortir de la zone de poussière soulevée par les roues.
De toute façon, les véhicules doivent suivre une voie rigoureusement parallèle aux traces du véhicule de tête.
Ne jamais tenter de couper au plus court, ce qui perturbe l’ordre de marche. C’est aussi une cause fréquente d’égarement.
Rien n’est aussi trompeur que le relief au Sahara, une " hamada " paraissant parfaitement plate est parfois entièrement vallonnée. De plus, il est très difficile d’apprécier les distances dans le désert.
Beaucoup de véhicules se sont égarés parce qu’un repli de terrain leur a soudain masqué la vue du convoi qu’ils suivaient à vue dans le lointain. Dans ce cas, il est impératif de reprendre à ‘envers ses propres traces jusqu’à retrouver les traces du convoi à rejoindre.
Lors de marche en convoi, si le premier véhicule est ensablé, le suivant ne doit ni chercher à passer pour montrer qu’il est plus doué, ni s’arrêter au plus près en risquant de s’ensabler à son tour. Il doit s’arrêter avant la zone molle pour reconnaître à pied où le passage peut être possible lorsque le véhicule " planté " aura été dégagé.

LE CAMPEMENT

Le véhicule sera disposé de façon à protéger du vent les occupants pendant leur halte nocturne.
Toutefois, pour tenir compte des changements de direction du vent pendant la nuit, les dormeurs ont intérêt à toujours installer leur lit de camp avec la tête appuyée contre la carrosserie, ou une roue de la voiture, pour éviter à la bise parfois très fraîche de s’engouffrer dans le couchage.
Le couchage à même le sol est déconseillé du fait des bêtes, scorpions, serpents, etc., ou de la végétation épineuse.
En aucun cas, ne faire du feu à proximité du véhicule.
L’emploi de la tente ne s’avère pas toujours indispensable, le montage et le démontage sont quelquefois une cause de fatigue supplémentaire, souvent inutile. Le transport d’une tente, des piquets, etc., entraîne aussi une surcharge de la voiture.
Temps de roulage saharien : départ au lever du soleil (campement plié, café pris), arrêt casse-croûte entre 9 heures et 10 heures (45 minutes), fin d’étape vers 17 heures, installation du campement au jour, dîner, coucher vers 18 heures, 18 h 30. Un ou deux arrêts " détente regroupement " seront prévus dans la journée et fixés avant le départ.